samedi 25 avril 2015

Péripéties norvégiennes part III

Jour 6 - Jeudi 9 avril - Retour à la réalité

Ce matin-là fut tout aussi difficile que le précédent. Mais dehors, le soleil brillait, nous donnant de la motivation. La journée allait être longue : en effet, nous devions parcourir à nouveau 11,5 kilomètres pour revenir à notre point de départ.
Nous nous mîmes en route, mais cette fois, nos guides, au lieu de nous ouvrir la route, fermaient la marche. C'était à nous de nous orienter, avec nos cartes et nos boussoles, mais ce n'était pas toujours facile de nous situer, au milieu de cette immense étendue immaculé, sans points de repère, ou très peu.

J'arrivais à maîtriser un peu mieux ces skis bizarres que j'avais aux pieds.Si bien même, qu'à certains moments, je manquais de m'endormir dessus, tant la fatigue des jours précédents commençait à se faire sentir.
Il m'a donc fallu 3 jours pour savoir me servir de ces objets maléfiques. C'en est presqu'honteux, surtout pour quelqu'un qui sait skier depuis au moins 17 ans !
Et puis, mon postérieur, mes genoux et mes chevilles avaient déjà assez souffert ainsi, j'étais tout de même bien contente de pouvoir faire 100 mètres sans chuter.

Ce trajet de retour se déroula sans histoire. Nous traversâmes des lacs gelés, grimpâmes et descendîmes des collines immaculées, sans vraiment nous rendre compte que l'aventure en montagne touchait à sa fin.
Par moment, le soleil tapait, et pas qu'un peu , on devait enlever nos vestes, mettre les lunettes de ski, remettre une couche de crème solaire, puis 15 minutes plus tard, le ciel se couvrait, le vent se levait, et le froid se faisait ressentir. Il nous fallait remettre nos vestes, pour les retirer 20 minutes plus tard encore, sous les assauts de l'astre du jour.

Bientôt, nous arrivâmes à hauteur de la route. En fait, c'était un chemin que l'on avait emprunté le premier jour, mais qui avait été dégagé, laissant place au macadam.
Une dernière descente, quelques dernières chutes, et nous déchaussâmes nos skis, traversâmes, et nous retrouvâmes sur une piste plus plate. Il devait rester trois kilomètres. Nous étions impatients d'en finir
Deux kilomètres et demi, deux kilomètres, un kilomètre et demi , un kilomètres, cinq-cent mètres ... la neige, sur le chemin que nous suivions le long de la route, était alors si mauvaise, que nous enlevâmes à nouveau, et une dernière fois nos skis, et continuâmes à pieds, jusqu'au parking où débuta l'aventure.
Moi qui, le premier jour, maudissais de tout mon être l'inventeur de ces skis maléfiques, je regrettais presque que ça soit fini, je commençais à m'y faire, et à trouver ça plutôt chouette, somme toute.

Nous laissâmes libre cours à notre joie, à grand renfort d'accolades, et de "ON L'A FAIT LES GARS !".
Mais le meilleur moment, fut celui, béni, où l'on put enfin enlever -définitivement- ces bottines de ski trempées, pour remettre des chaussures normales. Joie ! Bonheur ! Allégresse !

Un minibus vint nous chercher. J'avais pris avec moi mon appareil photo, pensant pouvoir immortaliser les beaux paysages que j'avais vus lors du trajet aller, mais il n'en fut rien. Déjà parce que j'étais trop fatiguée pour ça, ensuite parce que le chinois frustré qui nous servait de chauffeur roulait comme un kamikaze, et enfin parce qu'il faisait gris et moche.
Nous fîmes route jusqu'à l'université, où nous eûmes la bonne surprise de retrouver Mélanie et François, qui nous attendaient avec impatience
Nous récupérâmes tout ce que nous y avions laissé le premier jour, allâmes boire un verre à la Studenthuset, et nous mîmes enfin en route vers l'auberge de jeunesse où nous devions passer la nuit.

Là-bas, bonheur absolu, nous pûmes enfin nous laver [Joie ! Bonheur ! Allégresse ! ] ² , aller manger quelque chose d'autre que des trucs en sachet - hot-dog avec une saucisse au fromage enroulée dans du bacon, sauce barbecue, + sandwich poulet/bacon pour ma part [Joie ! Bonheur ! Allégresse !] ³ et enfin nous allonger dans un vrai lit [Joie ! Bonheur ! Allégresse !] élevé à la puissance 4 !
Nous en avions bien besoin, avant la randonnée à Preikestolen du lendemain !

Jour 7 - Vendredi 10 avril - Preikestolen

Ce jour-là, si François était revenu parmi nous, c'est Jean-Hugues qui nous abandonnait momentanément, à cause d'une blessure à la cheville.
De bon matin, nous nous rendîmes tous au port. Nos camarades blessés prirent un ferry qui les emmena en croisière dans le fjord, et nous prîmes un autre ferry qui nous emmena à Tau, où nous
attendait un bus qui faisait route vers le point de départ de la randonnée de Preikestolen.
Je savais que ça allait monter et que tout le chemin n'était pas vraiment aménagé, mais j'étais tout de même loin de m'imaginer ce qui nous attendait.

Un chemin étroit, des rochers escarpés, avec parfois, des filets d'eau, rendant le tout bien casse gueule , et plus haut, de la neige, dans laquelle on s'enfonçait de 20 centimètres par endroits. Mais les paysages en valaient bien la peine ! Et encore, ce n'était rien par rapport à la vue qui nous attendait au sommet.
Nous avions 4 kilomètres à parcourir ainsi, mais nous étions motivés. Je suivais courageusement le groupe, jusqu'à ce que mon oeil me dise merde, et se mette à brûler et pleurer sans aucune raison. Il me fallait bien ça tiens ! J'évitai de regarder le soleil qui se reflétait dans la neige, et continuai tant bien que mal, essuyant mes larmes toutes les deux minutes (essayez donc d'avoir l'air crédible ..).

Au sommet, c'était tout simplement incroyable  : le fjord sous nos pieds, les montagnes noyées dans la brume au loin, et le soleil qui resplendissait et nous réchauffait de ses rayons. D'aucuns, en voyant
des photos me diraient  "oh que c'est beau " . Bande d'hérétiques ! Non, c'est pas beau, il n'y a pas de mots pour décrire comment c'était ! On en a brûlé pour moins que ça au Moyen-Âge savez-vous.
Nous profitâmes de l'endroit, fîmes quelques photos de groupe, et il était déjà temps de redescendre, là-bas tout en bas, pour monter notre campement du soir.

Nous refîmes donc le chemin en sens inverse. C'était toujours aussi casse-gueule.
Arrivés à un tiers du chemin, quelques motivés décidèrent d'aller se baigner dans un des petits points d'eau qui se trouvaient sur notre chemin.
Si j'avais eu un peu de courage et un drap de bain, je les aurais bien rejoints. Mais de toute façon, il fallait quelqu'un pour faire des photos !

Nous reprîmes notre descente et arrivâmes en bas au soleil couchant. Nous trouvâmes un spot, le long du lac, où camper cette nuit-là. Nous installâmes les tentes, allumâmes un feu,préparâmes notre souper , enfin rien d'extraordinaire dans la vie d'aventuriers ... jusqu'à l'ide de génie de David, qui voulait faire un sauna dans une tente. Oui, tout à fait, avec des pierres qui se trouvaient dans le feu, et quelques casseroles d'eau froide. Ce fut une réussite, un des trucs les plus épics que j'aie vus/faits . Sauf peut-être après, quand il a fallu sortir de cette tente, dans le froid, pour se rhabiller.

Peu après, nos guides, qui n'avaient pas participé à la randonnée, nous rejoignirent, avec nos camarades éclopés Mélanie et Jean-Hugues, qui devaient passer la nuit au camping où nous étions le premier jour.
Je ne sais comment mon oeil pouvait rester humide, avec toutes les larmes qu'il a versées, mais j'avais juste envie de me l'arracher ou de le crever, tant c'était embêtant (comme le mec dans "Seul au monde" qui s'arrache sa dent ..). Je sautai sur l'occasion et demandai aux guides de me ramener à Stavanger, où je passait une dernière nuit plutôt correcte avec Mélanie et Jean-Hugues au camping.

Jour 8 - Samedi 11 avril - Retour au pays

Toutes les meilleures choses ont une fin, nous passions nos dernières heures en Norvège.
Nous nous rendîmes à l'hôpital, car Jean-Hugues devait passer une radio de sa cheville, et de là, nous attendîmes le reste du groupe, qui devait nous rejoindre à l'auberge de jeunesse où nous avions logé le jeudi (parce qu'en fait, l'hôpital et l'auberge de jeunesse sont au même endroit et partagent une réception commune - c'est bien la première fois que je voyais ça ).
Je ne sais plus trop combien de temps nous avons attendu nos camarades, mais je me souviens m'être endormie dans un de ces fauteuils bizarres de la caféteria.

Après un passage rapide dans un supermarché, pour acheter nos dernières victuailles locales (du sild et de la seneppsaus, du nugatti, et des kvikklunsj pour ma part), nous prîmes un bus pour l'aéroport. Il nous restait alors une heure avant la fermeture de l'enregistrement des bagages.
Sauf qu'on était samedi, et que le samedi, les bus ne vont pas jusque l'aéroport. Celui-ci nous a déposés, sous la drache, à environ 5 kilomètres du-dit aéroport. Nous étions bien embêtés.
Heureusement, un taxi passa par là, et nous emmena. Longue vie à lui et béni soit-il sur 150 générations, puisque nos eûmes notre avion à l'heure !
Après un vol sans histoire, nous atterrîmes à Amsterdam, ou nous prîmes nos dernier vol pour Bruxelles, où nous arrivâmes vers 22h. Et c'était la fin de cette belle aventure.

Nous pouvons être fiers de ce que nous avons accompli, surtout moi, qui suis l'individu le moins sportif du monde et qui déteste le froid. Et puis particulièrement parce que j'ai su parler danois avec les norvégiens et qu'ils me comprenaient. Par contre, je ne comprenais rien quand on me parlait norvégien, mais je vais plutôt éviter de m'en vanter de ça ...
Bref, je ne retenterai sans doute pas l'expérience cet hiver, mais je suis heureuse d'avoir pu le faire.
J'ai un peu de mal à me rendre compte de tout ce qu'on a fait là-bas, mais, je suis revenue avec des bleus plein les genoux, une pharyngite, quelques crevasses aux doigts, d'affreux coups de soleil et un espèce d'orgelet (j'ai été gâtée, oui ..) me prouvant que tout cela était bien vrai ...

Cette semaine est à classer dans le top 5 des meilleurs séjours de ma vie !

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